ÉLOGE DE LA FUITE

ÉLOGE DE LA FUITE Suspendu à deux câbles d’acier, un mur vacille.
Fait de petites plaques rouillées, récupérées, il évoque la brique, la construction, la clôture. Mais ici, le mur n’est plus ancré au sol — il flotte, déconnecté de toute fondation. Il ne protège ni ne sépare : il attend.
Ce mur en suspension devient symbole d’un corps en fuite. Il n’oppose aucune résistance, ne cherche ni l’affrontement ni la soumission. Il s’élève — non pas vers les cieux, mais hors du cadre, hors des normes. Il choisit la fuite comme stratégie de survie.
Référence directe à Henri Laborit, ce "mur qui s’échappe" fait l’éloge d’un instinct fondamental, souvent dénigré : celui de l’évitement. Ici, fuir n’est pas fuir ses responsabilités, mais échapper aux assignations, aux attentes sociales, aux structures qui enferment.
Ses creux réguliers, ses jeux d’ombre découpés sur le mur derrière lui, rappellent l’ordre — celui d’un système rationnel, quadrillé, mais vide. Ce mur n’est pas plein : il est ajouré, poreux, fragile. Il laisse passer la lumière, la fragilité, l’ambivalence.
Éloge de la fuite n’est pas un appel à la disparition, mais à l’invention d’un ailleurs.
Un espace suspendu entre le refus de se battre et celui de se soumettre.
Un espace pour ceux qui préfèrent penser à côté, vivre autrement.

ÉLOGE DE LA FUITE

Acier, cables, manilles

180 x 86 x 10 cm

2014